Marc 10 &Proverbes 5 : Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Saint Jean de M. Dimanche 14 Mai 2023

Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Marc 10:11-12

…Il leur dit: «Celui qui renvoie sa femme et qui en épouse une autre commet un adultère envers elle, et si une femme divorce de son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.»

Ne vous inquiétez pas…

Il n’y a pas ici ce matin l’ombre de la moitié d’un jugement. Encore moins de condamnation. Il n’est pas question de faire la morale, ni même de faire preuve d’une quelconque sévérité.

Vous n’êtes pas obligés de regarder le bout de vos chaussures.

Ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas agressé. En tous cas pas par moi. Pas volontairement. Personne n’est montré du doigt.

La vie des humains est difficile, compliquée nous nous colletons chaque jour avec nos faiblesse, nos contradictions et en plus quand il s’agit de la vie de couple, nous avons en plus à assumer les faiblesses et les contradictions de l’autre.

Nous faisons comme nous pouvons. Assez souvent, nous nous débattons, nous avons l’impression de nous noyer. Nos gestes ne sont plus réfléchis, juste réflexes. Et vous le savez les gestes réflexes sont souvent excessifs. Toute solution pérenne ne pourra se trouver que dans le retour du calme.

C’est facile à dire là dans ce temple, mais dans le tohu-bohu de l’existence comment se raccrocher à quelque chose de sur ?

« Que m’arrive t-il ? » Un question, une simple question, trois ou quatre mots  que je vous invite à formuler au cœur de votre tempête. Dans la tourmente, les bateaux quand ils le peuvent « filent » de l’huile dans la mer pour créer une zone de calme relatif ou ils trouveront un répit forcément de courte durée.

« Que m’arrive t-il ? » juste un question pour trouver le peu de répit dont j’ai besoin pour y voir plus clair, pour sortir la tête de l’eau. L’espérance d’une réponse raisonnée.

L’existence de cette question dans votre conscience et quelques éléments pouvant induire une réponse qui pourrait naître d’une approbation ou même pourquoi pas du rejet de ces propositions, est le seul but que je poursuis en cet instant.

« Que m’arrive t-il ?… »

 …

Ces deux versets que je viens de lire, ne sont pas ceux sur lesquels je veux effectivement baser notre réflexion. Je les ai lu pour situer la question, pour impliquer de façon correcte tous ceux que cette interrogation concerne.

Jésus pose ce jour là devant ses disciples une énormité quand à la loi et quand à la civilisation juive de l’époque. Vous ne l’avez peut-être pas remarquée parce que à notre époque l’affirmation de Jésus semble absolument naturelle, ordinaire, minimale.

« si une femme divorce de son mari et en épouse un autre,… »

Ça, vers l’an trente, à Jérusalem, en Judée, en Galilée, en Samarie, ça n’existe pas. Ça n’existe tellement pas que c’est inimaginable.  Une femme n’a pas le pouvoir de décider, elle n’est pas majeure, alors divorcer pensez donc ! Chez les grecs et les romains de la culture voisine et même imbriquée,  c’est théoriquement possible mais c’est un peu comme chez-nous, un referendum d’initiative citoyenne, en théorie on peut mais en fait ça n’existe pas.

Sans avoir l’air d’y toucher, comme une évidence, sans s’appesantir Jésus installe une égalité. Une égalité de droits. C’est une révolution.

Mesdames, dans vos combats pour arriver enfin à vivre cette égalité, souvenez-vous que la formulation de cette égalité de droits a été posée par Jésus-Christ il y a deux mille ans, dans cette parole rapportée dans l’Évangile de Marc  au chapitre 10 et au verset 12. Beaucoup d’exégètes ont voulu, depuis ce temps, y voir une erreur, mais les faits sont têtus et la Parole demeure inaltérée.

Si j’évoque cela au moment de lire le texte que je veux méditer avec vous, c’est que ce passage de l’Ancien Testament n’est absolument pas symétrique, mais, je vous invite à le considérer selon la vision révolutionnaire de Jésus-Christ que je viens d’évoquer. Vision qui dorénavant fait loi.

Mon expression de ce jour ne sera pas dans sa forme « inclusive ». Mais pour le fond elle l’est. Mesdames, je vous laisse donc maintenant le soin de « convertir » mes propos pour qu’ils vous concernent, parce que de fait, ils vous concernent aussi…

Proverbes 5:18-20 (Segond 21)

Que ta source soit bénie,

fais ta joie de la femme de ta jeunesse,

biche des amours, gazelle pleine de grâce!

Que ses seins te rassasient constamment,

enivre-toi sans cesse de son amour!

Pourquoi, mon fils, t’enivrerais-tu d’une étrangère

et embrasserais-tu la poitrine d’une inconnue?

Certains regrettent peut-être en cet instant de ne pas avoir amené leur Bible, leur bonne vieille Bible habituelle, dans laquelle ils n’ont jamais perçu une telle sensualité. J’ai lu dans la version Segond 21 mais vous pouvez lire cela dans la version Darby et bien d’autres, même dans la Bible Crampon des catholiques, les termes y sont absolument équivalents. Certains traducteurs se voulant pudiques traduisent avec des mots paraissant plus convenables. Euphémismes à tout les étages, ainsi en est-il de la version du Semeur. Et l’on pourrait se poser la question au sujet de ces traducteurs : pudiques ou inhibés ?

Ainsi, et ce sera notre première constatation, Dieu qui nous a créé ne méconnaît pas dans sa Parole les exigences de nos sens, l’omniprésence de nos hormones. Il ne nous invite pas à « faire avec » et encore moins à « faire sans ». Selon l’expression de Jacques Brel : « Il faut que le corps exulte », Dieu nous propose d’assumer ce que nous sommes sur ce plan là aussi. En fait la question posée est celle du discernement et de la maîtrise, pas celle de l’appétit.

Dans ce passage il y a donc trois personnages liés par des liens qui sont aussi ceux de la sensualité, celle qui peut découler de la plus grande des intimités. Trois personnes… L’homme interpellé par ces mots, la femme de sa jeunesse et l’étrangère qu’il convoite.

Je vous propose de considérer en premier la femme de la jeunesse. Elle est décrite de manière élogieuse par l’auteur des Proverbes :

« biche des amours, gazelle pleine de grâce! ».

Disons-le tout net, objectivement, même si vous êtes plus jeune que moi, disons 20 ou 30 ans de moins, cette femme n’existe plus. C’est peut-être cela le problème, c’est peut être cela dont vous pensez que c’est ce qui vous arrive.

Les années ont passé, le temps a usé la peau et le teint, les fatigues, les grossesses, les épreuves ont creusé des sillons et vous ne considérez plus que cela.

Comme le chantait Brassens :

« … depuis tant d’années, c’était pas une sinécure

de lui voir tout l’temps le nez au milieu de la figure. »

Il n’y a pas que l’apparence physique, des incompréhensions, des frustrations se sont cristallisées. Et le pire de tout, l’indifférence s’est installée et rien ne semble pouvoir la secouer.

Devant cette situation si banale, je ne vous exhorte pas à la tendresse ou à la nostalgie pour surmonter cette apparente vacuité des sentiments. Je vous demande de faire preuve du plus froid des réalisme celui qui nous est proposé par les proverbes, par la Parole de Dieu : Aujourd’hui, maintenant, cette femme de votre jeunesse est « biche des amours, gazelle pleine de grâce ». Elle l’est.

Rien ne vous oblige à être objectif, d’ailleurs vous ne l’avez jamais été. Cette femme de votre jeunesse existe encore, telle quelle, dans vos souvenirs. Vous seul restez qui savez ce qu’elle a été ; et parce que vous le savez si nettement si clairement, elle l’est encore, elle existe : biche des amours, gazelle pleine de grâce. Elle existe dans votre cœur  et si vous soulevez tout le fatras de votre inconséquence, vous la retrouverez intacte et brillante, sans tâche ni ride. Elle n’existe que là, mais incontestablement elle existe telle quelle.

Ce constat vous met au pied du mur et fait peser sur vous une immense responsabilité. Si vous ne la cherchez pas, si vous ne la retrouvez pas, cette femme disparaîtra à tout jamais et il ne restera plus dans ce monde que son avatar décati. Tout cela ne tient qu’à vous, pas à elle. 

Subrepticement, nous sommes passé d’elle à vous. Vous, le deuxième personnage évoqué.  Vous voici investi d’une responsabilité, partie prenante de cet ordre qui vous est adressé : « Fais ta joie… ».

Un ordre qui sûrement vous trouve un peu désemparé. La joie c’est un truc qui vous tombe dessus, quelque chose que l’on trouve ou simplement que l’on rencontre. Comment peux-t’on « fabriquer » de la joie ? Peut-être pourrait-on fabriquer de la joie pour un ou une autre, un truc genre cadeau, attention… Mais faire ma joie. Quels ingrédients faut-il ? Doit-on laisser cuire longtemps ?

Le premier élément vous a déjà été donné, il s’agit bien sur de cette femme belle et désirable qui n’existe plus qu’en vous même et qu’il vous appartient de retrouver, pour qu’elle puisse continuer à être.

Mais pourquoi elle et pas une autre ? Des femmes belles et désirables, c’est pas ça qui manque… Pourquoi tenter de renouveler une intimité qui paraît usée jusqu’à la corde ? 

Parce que l’intimité n’est pas la source de la joie. Elle en est juste une expression commune.

Bien sur, vous ne continuerez à m’écouter que si j’apporte une démonstration à ce que je viens d’affirmer. Cette démonstration sera une démonstration par l’absurde et elle fait intervenir le troisième personnage, cette autre femme belle et désirable, qui propose une autre intimité, celle que le livre des Proverbes appelle « l’étrangère ». Mais, laissez moi vous raconter votre histoire…

Cette femme de votre jeunesse, vous l’avez rencontrée de façon fortuite, peut-être inattendue. Et parce qu’il n’y avait plus d’indifférence, vous l’avez revue, regardée, dévisagée, envisagée. Ce faible semblait réciproque, alors vous avez parlé. Vous vous êtes dévoilé, vous lui avez montré votre cœur de l’intérieur,  et elle, elle à fait de même. Cette impudeur (il n’y a pas de relation sans impudeur) a été la première étape d’une vraie intimité qui pour l’heure n’avait rien de charnel ou si peu. D’aveux en déclarations vous avez commencé à construire quelque chose sans savoir le nom de ce quelque chose. Le temps a passé, et vous avez continué à parler, à vous dévoiler et vous l’avez écouté se raconter, se découvrir. A un moment ou à un autre, une autre forme d’intimité a pu intervenir. Vous avez beaucoup parlé. Si vous êtes un taiseux, ce sont vos gestes qui ont parlé pour vous. Plein d’évènements sont intervenus, vie commune, mariage, maison, enfants, travail… Tellement de paroles qu’au bout du compte elles n’étaient plus nécessaires. Vous vous connaissiez si bien, un geste, un regard suffisait. Et toujours ce quelque chose entre vous.

Le silence qui s’est installé, au début, ne vous a pas paru suspect. Que restait-il à dire ? Ce quelque chose entre vous se suffisait à lui même.

Et puis… Et puis… Rien.   

Je vous présente maintenant « l’étrangère ». Dans la Bible les noms des personnes sont toujours lourds de signification. Son nom à elle c’est donc l’étrangère. C’est peut être la femme d’à coté, mais elle  est l’étrangère.   Il se peut qu’il n’y ait pas d’intention, mais il se trouve qu’une autre intimité se présente et semble possible. Une autre intimité à la fois complètement différente mais finalement totalement semblable. Alors,

Pourquoi, mon fils, t’enivrerais-tu d’une étrangère

et embrasserais-tu la poitrine d’une inconnue?

Pourquoi ? A cause de l’usure ? A cause du silence ? A cause du rien ?

En fait ce n’est pas une question. C’est juste une façon de dire que ce serait absurde. Absurde parce qu’il manque quelque chose, ce quelque chose que l’on ne peut pas trouver chez une étrangère parce qu’elle est inconnue. Ce quelque chose si minutieusement construit avec la femme de ta jeunesse, et sur lequel tu voudrais faire l’impasse.

Ce quelque chose qui n’a pas encore été nommé, c’est la complicité. Cette complicité fondée sur le dévoilement de l’un à l’autre. Cette complicité qui s’est nourrie des millions d’heures heureuses ou difficiles passées ensemble. Cette complicité étayée par tous les évènement que vous avez porté ou assumés ensemble.

Cette complicité, tu ne la vois plus, tu ne la sais plus. A t’elle vraiment disparu ou s’agit-il seulement de la retrouver ?

Ce serait bien de la retrouver car c’est le deuxième élément de la fabrication de ta joie. Celui là, l’étrangère ne peut pas l’apporter car cela tient à sa nature d’inconnue.

Qu’est ce que la complicité ? Un inconscient pourtant visible et émouvant alimenté de tous vos souvenirs communs ou devenus communs. C’est un indivis entre vous et elle. Si vous lâchez ou si elle lâche, la complicité s’évapore et avec elle un morceau de vous et un morceau d’elle.  La perte de cette complicité relève de l’amputation. Il serait très étonnant que l’étrangère  puisse apporter un quelconque remède. Au mieux un analgésique dont les effets s’atténueront très vite.

Au point ou nous en sommes arrivés, c’est à dire un peu avant la fin de cette méditation, deux éléments constitutifs de cette joie que vous avez à faire ont été posés : Inaltérable et charmante, la femme de votre jeunesse ; Incontournable et émouvante, la complicité entre vous.

Étrangement sans que cela soit un oubli, ni que cela soit fait de façon délibérée, le mot le plus attendu n’est pas encore apparu. Sûrement vous l’avez remarqué, peut être en êtes vous interpellés voire choqués.

L’amour.

Le mot n’a pas été dit, mais bien évidemment il est là. L’amour c’est cette évidence qui vous unit. L’amour, c’est l’air que vous respirez ensemble ; c’est l’eau dans laquelle vous nagez tous les deux ; c’est le paysage dans lequel, main dans la main, vous vous fondez.

Faire sa joie, c’est donc en premier d’aimer cette femme, qui est votre femme comme vous êtes son mari, même si ces deux statuts ne sont pas formellement établis. Aimer c’est difficile, le piège c’est de croire que cela va de soi. Paul s’adressant aux Thessaloniciens les félicite, il évoque « le travail de votre amour ». Aussi choquant que cela puisse paraître, l’amour est un travail. Conjugalement aussi. Je n’ai pas le temps de développer ce point ici. Je voudrais juste vous proposer un petit truc, un strict minimum, une tâche simple, répétitive et basique.  Tous ne sont pas des poètes pour produire des déclarations enflammées, mais tous peuvent répéter à l’infini et sans qu’ils s’usent, ces deux, ces doux mots : « Je t’aime ».

L’amour, peut-être tu ne le vois plus, mais cela signifie t-il qu’il n’existe plus ?

Fais ta joie… Devant cet ordre qui t’es donné par Dieu dans sa Parole, trois choses demeurent : La femme de ta jeunesse, votre complicité et votre amour. Ces trois choses ensemble sont ce que tu peux avoir de plus grand dans ta vie d’homme.

Au moment de terminer, je suis désolé car je sais que très sûrement il y a ici des personnes qui ne vivent pas, de près ou de loin, ce que j’ai décrit. J’ai la sensation très désagréable d’avoir retourné le couteau dans la plaie. Il y a des témoins, j’ai beaucoup hésité à dire ce que je viens de dire, et c’est vous qui étiez mon hésitation. Mais je crois que vous leur deviez ce temps, ce désagrément, cette souffrance peut-être. Ils ne réalisent pas ce qu’ils risquent de perdre, il ne savent pas à quel point ils sont menacés par ce vers de Jacques Prévert : « J’ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant. »

J’espère que dans votre trouble, vous reconnaîtrez au moins qu’il fallait le leur dire.

Je prie Dieu qu’il vous vienne en aide.

J’achèverai cette conclusion par quelques mots un peu béats. La question était posée depuis le début, « qu’est-ce qu’il m’arrive ? »

Je vous propose une réponse qui était celle d’un chanteur des sixties assez justement oublié. Il s’appelait Richard Anthony et il susurrait ces paroles que je vous suggère comme mot d’ordre pour aujourd’hui, pour la semaine et pourquoi pas pour toute votre vie :

« Qu’est-ce qu’il m’arrive aujourd’hui ? Je suis amoureux de ma femme… »

En toute fin, trois versets du chapitre 10:6-9 de l’évangile de Marc avec lequel nous avons commencé :

« … au commencement de la création, Dieu a fait l’homme et la femme; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ne font qu’un. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.»

Amen ?

Chant

A l’agneau sur son trône…

Prière

Bénédiction

Nombres 6

Que l’Éternel te bénisse et te garde!

Que l’Éternel fasse briller son visage sur toi et t’accorde sa grâce!

Que l’Éternel se tourne vers toi et te donne la paix!

Amen

Chant

Je veux chanter un chant d’amour…


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