Prédication du dimanche 29 janvier 2023. Pasteur Raymond Chamard.
Lectures bibliques : – Actes 7 : 51 à 53
- Ephésiens 4 : 29 et 30
- 1 Thessaloniciens 5 : 16 à 22
L’Eglise nait du Saint Esprit le jour de la Pentecôte. L’Eglise vit du Saint Espritpar la Parole de vie, d’abord en ce qui concerne la conversion, par laquelle sont ajoutés à la communauté chrétienne ceux et celles qui sont sauvés, et ensuite en ce qui concerne la sanctification, qui fait croître les chrétiens vers la maturité spirituelle par leur obéissance à la Parole, et également par les dons de l’esprit qui permettent à l’Eglise de vivre et de remplir sa mission.
Cela dit, il n’est pourtant pas facile de parler du Saint Esprit tant les opinions à son sujet sont diverses dans nos assemblées évangéliques, bien souvent basées, il faut l’avouer, plus sur l’expérience des uns et des autres que sur les données du Nouveau Testament.
Je prends ce risque ce matin devant vous en me concentrant sur trois exhortations (en fait, une constatation et 2 exhortations) qui me semblent particulièrement fortes et qui nous sont adressées pour notre croissance spirituelle dans la marche avec le Seigneur Jésus-Christ :
- ne vous opposez pas à l’Esprit
- n’attristez pas le saint Esprit
- n’éteignez pas le saint Esprit
Quelle que soit notre expérience personnelle, ces 3 exhortations nous rejoignent et s’imposent à nous, ne pouvant que nous réunir et non nous séparer.
- Ne vous opposez pas au Saint Esprit :cette expression « s’opposer au
Saint Esprit » se trouve dans le
discours d’Etienne, le premier martyr de l’Eglise. Etienne fait ce constat qu’il balance à la tête des chefs du peuple : « vous vous opposez toujours au Saint Esprit, comme vos pères ! ». Il a auparavant énuméré les actes de rébellion, et ils sont nombreux !, qui ont jalonné l’histoire du peuple d’Israël, et il fait le lien avec l’opposition de certains de ses contemporains à l’évangile de Jésus-Christ. Il s’agit parfois d’une hostilité délibérée, volontaire, déterminée à la volonté de Dieu (pensons à l’exemple de la révolte de Qoré, Dathan et Abiram). Et parfois d’une opposition par aveuglement ; mais Israël a souvent provoqué lui-même son aveuglement.
On notera au passage l’affirmation implicite d’Etienne du fait que le Saint Esprit était déjà à l’œuvre dans l’ancienne alliance, avant la Pentecôte. Et il a parlé au peuple par l’intermédiaire des hommes et des femmes choisis par Dieu (Joseph, Moïse, Josué, Déborah, les prophètes etc.). Malgré cette initiative de Dieu par l’Esprit, beaucoup se sont opposés aux leaders d’Israël. Ces désobéissants étaient membres du peuple extérieurement, mais en refusant d’ouvrir leur cœur, ils démontraient qu’ils n’en étaient pas membres intérieurement, spirituellement.
Les opposants à Etienne et à l’évangile du Christ se révèlent ainsi comme les descendants directs de ces incrédules de l’ancien testament. Leur fermeture de cœur atteste de leur mauvaise hérédité spirituelle.
L’invitation implicite contenue dans les paroles d’Etienne est donc pour nous de ne pas nous opposer, de ne pas résister au Saint Esprit quand il s’exprime par la bouche des envoyés du Seigneur, ou directement par la Parole de Dieu quand elle nous rejoint.
S’opposer, résister implique que le Saint Esprit est à l’œuvre, qu’il sollicite l’adhésion, qu’il fait pression pour convaincre les auditeurs, mais que ceux-ci font barrage à son action. S’opposer au Saint Esprit au sens fort de l’expression, c’est refuser de croire en Jésus-Christ, refuser d’accepter pour soi-même la Parole de salut de l’évangile. Cela vise directement ceux et celles qui ne sont pas encore chrétiens.
On peut dire que le paroxysme de cette opposition consiste dans ce que Jésus appelle » le péché contre l’Esprit », qu’il présente comme le seul péché qui ne peut pas être pardonné. Cette expression qui nous fait parfois si peur quand nous nous demandons si nous mêmes n’avons pas commis cette sorte de péché (qui ne l’a pas fait dans sa jeunesse avec ses amis du groupe de jeunes ?), et qui pourtant est si claire quand nous considérons ce qui est le ministère spécifique de l’Esprit, troisième personne de la Trinité. Si son rôle, sa mission même est de convaincre de péché personnel et de salut en Jésus-Christ, s’opposer à ce qu’il veut nous dire, refuser d’ouvrir son cœur à la lumière de Dieu, c’est passer à côté du pardon. Il faut pouvoir surmonter ce refus pour entrer dans l’acceptation de ce que dit le Saint Esprit, à savoir : « crois au seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Calvin avait raison de dire que le chef d’œuvre du Saint Esprit, c’est la FOI !
« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur », dit également le Psaume 95. Le Saint Esprit ne nous convertit pas à Jésus-Christ de force, sinon celle de l’amour de Dieu pour nous.
Aujourd’hui, si nous entendons sa voix, ne nous opposons pas au saint Esprit.
- N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu : nous avons lu cette exhortation en Ephésiens 4 : 30.
Nous trouvons là au passage, une des preuves que le saint Esprit est bien une personne, divine certes, mais une personne. Car on ne peut attrister qu’une personne, et non pas une force impersonnelle ou une influence. On attriste un ami, un être cher, une personne proche de nous.
Cette exhortation vise donc notre rapport personnel, en tant que chrétiens, avec l’esprit de Dieu ; la relation intime entre nous, croyants, et Celui qui est en nous par la foi. L’expression révèle en même temps la tendre sensibilité du cœur de Dieu.
Oui, attrister, c’est faire de la peine, comme on peut le faire à un ou une amie. C’est décevoir un proche. Attrister, c’est causer une souffrance intérieure.
Bien évidemment, on peut se demander si Dieu peut avoir du chagrin. Mais en tout cas, il s’exprime ainsi dans sa parole pour montrer qu’il est possible à un enfant de Dieu, habité par son Esprit, de lui causer douleur et souffrance. L’exhortation est utilisée en rapport avec la vocation du chrétien. Nos pensées, nos paroles, notre comportement, quand ils sont charnels, peuvent causer de la tristesse à l’Esprit qui habite en nous.
Cette vocation à imiter le Christ vise essentiellement la vie présente, mais aussi la vie future : « vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (sous-entendu le salut parfaitement réalisé lors de la manifestation en gloire du Christ), dit Paul. Le Saint Esprit imprime son sceau sur nous en nous communiquant le don de la vie éternelle capable de transformer notre caractère à l’image de celui de Jésus.
Le cœur de Dieu, l’Esprit de Dieu se trouve attristé chaque fois que par la désobéissance de ses enfants, sa volonté de grâce envers eux se trouve entravée, freinée. Dans le contexte immédiat de la lettre aux Ephésiens, il est question de mensonge (v 25), colère (v 26), vol (v 28), paroles mauvaises, malsaines (v 29), amertume, animosités, clameur, calomnie, méchanceté (v 31).
Chaque fois qu’une de ces choses trouve sa place dans notre vie, dans notre cœur, le Saint Esprit est attristé car nous échappons à notre vocation qui est de ressembler à Christ.
Avertissement solennel s’il en est qui nous est adressé à nous chrétiens. Notre vocation, c’est de réjouir le Saint Esprit par notre obéissance à la Parole de Dieu. Donc, ne faisons pas de peine à l’Esprit. Lui est là, en nous, pour nous fortifier, nous soutenir, nous encourager. Il est vraiment un ami qui nous veut du bien ! Il se réjouit quand il nous voit obéir à la parole de Dieu.
- N’éteignez pas l’Esprit : nous avons lu cette exhortation en 1 Thessaloniciens 5 : 19
De prime abord, il s’agit d’une parole choquante, provocatrice, voire à la limite de l’absurde ! Et en tout cas un peu mystérieuse.
Comment pourrions-nous éteindre le Saint Esprit ? Il est Dieu, éternel, in-éteignable. Comment moi homme, femme, créature, pourrais-je éteindre le Saint Esprit ?
Bien évidemment, ces mots ne se réfèrent pas à la nature de l’Esprit, ni à sa présence, son habitation en nous chrétiens, pour notre sanctification. L’exhortation vise plus sûrement une manifestation de la présence et de la puissance du Saint Esprit pour le service et au sein de la communauté locale. Ce qui semble en cause ici, peut être pas exclusivement mais en partie, ce sont certainement les dons du Saint Esprit et leur exercice.
- si s’opposer, résister à l’Esprit présuppose une pression positive de sa part sur une personne
- si attrister l’Esprit suppose la résidence en nous du Consolateur
- éteindre l’esprit semble concerner la présence de l’esprit comme celle d’un feu (comme à la Pentecôte des langues de feu sont apparues).
Le feu est symbole de lumière, de chaleur, de puissance et de hardiesse. Cette hardiesse qui a été la marque des apôtres après leur réception de l’esprit dans le livre des Actes.
L’Esprit qui qualifie le croyant pour la louange, la prière, la prophétie, le témoignage et autres dons, peut donc être éteint. Il est possible qu’un don accordé pour le service des autres n’atteigne pas son but. Mais de quelle manière ? Sans doute de multiples manières :
- quand il est méprisé, ignoré ; quand on voudrait avoir un don autre que celui que l’on a reçu ou qu’on jalouse celui d’un frère ou d’une sœur
- quand il n’est pas mis en pratique : ce qui n’est pas utilisé s’étiole et finit par disparaître, mourir
- quand il est séparé de la vie de l’Eglise, quand on se l’approprie. Or le don n’appartient pas premièrement à celui ou celle qui l’a reçu, mais à la communauté au sein de laquelle il est appelé à être exercé
- quand il est coupé de la communion avec le Christ ; le don trouve sa vie renouvelée dans la piété personnelle de celui ou celle qui l’a reçu. La non-communion avec Jésus, l’utilisation du don pour des fins personnelles, égoïstes, qui ne sont pas celles de Dieu mais des fins humaines, voilà ce qui peut éteindre l’Esprit.
C’est contraire à ce que Dieu attend, car nous ne faisons pas fructifier le talent reçu, et nous privons l’Eglise de quelque chose que Dieu voudrait lui donner.
N’éteignons pas l’Esprit, il en va de la fidélité à notre vocation chrétienne, il en va aussi du bien de l’Eglise locale à laquelle nous appartenons.
En conclusion, ces 3 exhortations passées en revue me semblent mettre l’accent sur deux notions particulièrement importantes quant à notre relation à l’Esprit Saint :
- la première, c’est notre liberté et en même temps notre responsabilité dans la mise en pratique de ces 3 recommandations qui sont autant de chemins de grâce
- la deuxième, c’est l’étonnante et merveilleuse humilité de l’Esprit Saint. Jamais il ne nous écrase, jamais il ne nous force, sinon par l’amour, jamais il ne cherche son intérêt. Il n’a qu’un seul projet, qu’un seul but, qu’une seule ambition : glorifier Jésus-Christ et nous rendre heureux dans notre vie de foi.
Oui, il est vraiment un ami qui nous veut du bien !
Amen.