Psaume 131 : le psaume de la maturité

Psaume 131
1 Chant des montées, de David. Eternel, je n’ai pas un cœur orgueilleux ni des regards hautains, et je ne m’engage pas dans des projets trop grands et trop élevés pour moi.
2 Au contraire, je suis calme et tranquille comme un enfant sevré qui se trouve avec sa mère, je suis comme un enfant sevré.
3 Israël, mets ton espoir en l’Eternel dès maintenant et pour toujours!

Je voudrais méditer avec vous ce matin, frères et sœurs, ce Psaume 131 que je qualifierai de manière paradoxale bien qu’il évoque l’image d’un enfant de « psaume de la maturité ».

Vous le savez comme moi, il y a dans le livre des Psaumes une quantité extraordinaire de petits bijoux, d’innombrables perles qui n’apparaissent pas au premier abord mais se dévoilent dans une lecture attentive et une méditation approfondie du texte biblique.

C’est le cas me semble-t-il de ce tout petit psaume 131, pas le plus court du Psautier puisqu’il est battu par le psaume 117, en tout cas très bref et très concis, et en même temps d’une grande profondeur spirituelle.

Il y a beaucoup à dire sur le thème de la maturité spirituelle, à la fois dans notre rapport à Dieu et dans le rapport à nous-mêmes. Arrêtons-nous ce matin sur ces 3 versets pour les méditer. Ils nous parlent à la fois de l’orgueil contre lequel nous avons tous à lutter dans nos vies et nos personnalités, de l’humilité à accepter et à vivre simplement au quotidien, et de l’espérance qui est l’une des 3 vertus fondamentales, avec la foi et l’amour, que nous devons cultiver dans notre vie chrétienne ici-bas.

1. L’orgueil à rejeter dans nos vies

Il est naturel et facile d’être orgueilleux et arrogant. Il s’agit là d’un travers universel de la nature humaine pécheresse. On peut se vanter d’un tas de choses : de notre naissance de haut-rang , de notre famille, de notre statut social, de notre niveau d’études, de notre force ou de notre beauté physique, de nos réussites de tous ordres, de notre pays, de notre religion ou de notre Eglise etc.

Dans la vie humaine, tout peut devenir un motif de s’enorgueillir, autrement dit une idole à cause du péché. Car un tel orgueil vient du cœur, considéré dans la pensée hébraïque comme le centre de notre être, le lieu où toutes les décisions sont prises. S’il y a de l’orgueil dans le cœur, tout le reste de la personne en est affecté.

David, l’auteur du psaume,  avait réalisé qu’il n’avait aucune raison d’être fier de lui-même, malgré la position élevée, la 1ère place qu’il occupait en Israël. Malgré la multitude de dons que le Seigneur lui avait accordés, aussi bien sur le plan politique que sur le plan artistique.

David dit à Dieu qu’il n’a pas un cœur arrogant.  Et cela se vérifie quand on lit le récit de sa vie. Certes, certains défauts apparaissent, mais jamais David ne s’est départi de son humilité, reconnaissant en permanence la présence de Dieu au-dessus de lui. Il avait intégré la pensée qui est celle de l’apôtre Paul et qui s’exprime dans cette parole de la lettre aux Corinthiens, chapitre 4 verset 7 : «car qui est-ce qui est-ce qui te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? »

L’orgueil humain se révèle souvent dans le regard que nous portons sur les choses ou sur les autres et ce qu’ils possèdent (ne dit-on pas que « les yeux sont le miroir de l’âme ? »). C’est pour cela que David ajoute qu’il « n’a pas des regards hautains ». Il veut dire aussi par là qu’il ne convoite pas ou qu’il ne compare pas tout ce qu’il voit avec ce qu’il possède, car une telle attitude nourrirait l’orgueil de son cœur.

Si le regard de David n’a jamais été hautain, il a été au moins une fois, concupiscent et impur. David a convoité la femme de son prochain, Bath Shéba  épouse d’Urie, mais ce fût un accident, un moment de faiblesse, une chute dramatique et aux conséquences on ne peut plus funestes pour lui et sa famille. Un regard condamnable l’a conduit à l’adultère, mais le regard de David n’a jamais été orgueilleux ou méprisant vis-à-vis des autres.

David déclare : « je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi (v 1c) ».Cela ne veut pas dire qu’il refuse de réfléchir à des sujets importants. Cela signifie plutôt qu’il connaît ses limites, qu’il ne se prend pas pour un super-philosophe ou un expert en sagesse, et qu’il sait ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Il ne décline pas les responsabilités qui sont les siennes vis-à-vis de sa communauté, de son peuple, mais il reconnaît qu’il n’a pas le droit de prétendre être au courant de tout ce qui se passe chez les autres.

Si nous faisons un instant référence à son expérience, à savoir se porter volontaire, lui le petit berger, pour affronter le géant Goliath, n’était-ce pas s’engager dans une question trop grande pour lui ? Oui, sans aucun doute humainement ! Mais David ne le faisait pas pour lui-même, en recherchant son intérêt  ou quelque gloire personnelle. Il le faisait pour son peuple, et par-dessus tout pour son Dieu, dont l’honneur était bafoué par le philistin. « Tu marches contre moi avec la lance et le bouclier, moi je marche au nom de l’Eternel mon Dieu » dit-il à Goliath. Et il dira ensuite que c’est Dieu qui lui a donné la victoire. Aucun orgueil de sa part.

La vision de David au sujet de lui-même et de la situation est réaliste. Il ne s’attribue à aucun moment une importance trop grande.

Que son positionnement puisse nous inspirer dans notre vie !

2. Une humilité à accepter et à vivre simplement

David utilise l’image d’un tout jeune enfant avec sa mère pour illustrer l’humilité qui est le juste opposé de l’orgueil. Les enfants sont nourris et caressés le plus souvent par leur mère (surtout à l’époque de David !) et ils apprennent à les aimer et à leur faire confiance. Ils savent par instinct qu’elle les protégera et prendra soin d’eux. Puis vient l’âge où les enfants sont sevrés. Mais même si la maman ne leur donne plus le sein et ne les nourrit plus directement, elle est toujours celle vers qui l’enfant accourt pour trouver du réconfort lorsque quelque chose ne va pas. Ils veulent rester proches d’elle et jouir de son amour et de sa protection.

David décrit sa relation avec Dieu de la même façon, confiant dans son amour et sa protection (pensons aussi eu  psaume 23 : »l’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien ». Son âme inquiète est calme et silencieuse (v 2c).

Ne soyons pas surpris que David pense à Dieu comme à une mère(même si nous, nous l’appelons notre Père !) car la Bible utilise souvent cette image pour décrire l’amour et le soin que Dieu prodigue à son peuple (Esaïe 46 : 3 ; 49 : 15 ; Osée 11 : 3-4). Telle une mère, Dieu prend soin de nous, ses enfants spirituels, nous protégeant et pourvoyant à tous nos besoins. Mais Dieu attend aussi que nous grandissions en tant que croyants, que nous soyons nous aussi sevrés, c’est à dire passant du lait maternel à la nourriture solide, et c’est pour cela que Dieu nous laisse expérimenter les difficultés de la vie, apprendre qui Il est (1 Cor. 3 : 1-2 ; Hébreux 5 : 12-14 ; 1Pierre 2 : 2).

Certains chrétiens malheureusement refusent cette croissance personnelle, voulant rester des enfants, des bébés. Ce n’est pas ce que David fait. Il est un enfant sevré, qui a commencé ainsi à se distancier un peu de sa maman, mais un enfant qui  n’a pas oublié que sa mère l’aime toujours, le protège, et qu’elle est celle à qui il peut toujours apporter ses problèmes. Sachant cela, il peut reposer en paix dans la présence de Dieu. Son corps peut passer par la souffrance, mais son âme est en paix.

Notons la dimension si importante dans ce psaume de l’autodisciplinede David. Il prend autorité sur lui-même intérieurement. Il ne se laisse pas conduire par la faiblesse, la langueur, la mollesse de son âme : « j’ai imposé le calme et le silence à mon âme ». Il commande à son âme, à son être intérieur et ne se laisse pas mener par le bout du nez par ses pulsions, ses désirs, ses fantasmes. Sa volonté prend le dessus car c’est pour le bien de son être tout entier. Cela s’apparente tout à fait à la maîtrise de soi, une des composantes du fruit de l’Esprit saint dans le cœur du croyant tel que l’apôtre le décrit en Galates 5 : 22.

Est-ce que nous pouvons dire les uns aux autres ce matin comme David : »j’ai imposé le calme et la confiance à mon âme ; je suis comme un enfant sevré ? ». Chose difficile à faire, voire impossible, sinon par la force de l’Esprit saint agissant en nous, mais indispensable pour vivre une authentique maturité spirituelle.

3. L’espérance encouragée

Le psalmiste David désire que tout Israël partage la paix qui est la sienne. Et il sait que cela arrivera seulement si le peuple de Dieu met son espérance dans le Seigneur. Cette espérance ne doit pas être inconstante, présente aujourd’hui et disparue demain. Elle doit être solide « dès maintenant et à toujours » (v3). Littéralement, l’expression « et à toujours » devrait être traduite : « aussi longtemps que vous vivrez ici sur cette terre ». C’est ici et maintenant que se déroulent nos luttes contre tous les maux qui nous assaillent et qui assaillent l’humanité entière. C’est ici et maintenant qu’il faut lutter contre le péché et ses conséquences, dans l’espérance du Royaume qui vient. Lutter contre la destruction de la planète par la main de l’homme, les guerres civiles et religieuses, les violences de toutes sortes, les épidémies, la délinquance, la corruption, le trafic d’êtres humains, la commercialisation du corps humain etc.

Mais lorsque nous serons au ciel, nous serons avec le Christ notre espérance, le Roi des Rois et le Seigneur des seigneurs. Toutes nos attentes seront satisfaites et nous n’aurons plus besoin de vivre dans l’espérance car celle-ci sera pleinement réalisée.

Pour le moment,  nous possédons cette espérance comme une ancre de l’âme (ép. aux Hébreux), solidement plantée, arrimée au-delà du voile dans le lieu très saint, dans le ciel, la présence de Dieu, là où Jésus est retourné après avoir tout accompli pour notre salut. Ainsi, la prière de l’Eglise concernant cette espérance est tout entière contenue dans cette parole : « oui, viens Seigneur Jésus ! ».

Que le Seigneur puisse graver dans nos cœurs le message que nous transmet ce petit psaume 131, et que le St Esprit nous donne de l’expérimenter concrètement dans nos vies afin que nous puissions, comme David en son temps, rejeter l’orgueil, accepter l’humilité, et vivre dans l’espérance. Continuons à progresser sur le chemin de la maturité spirituelle, à l’image de notre Seigneur Jésus qui était l’objet de l’espérance de David, parfaitement humble et confiant dans son Père céleste.

AMEN.


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