Prédication du dimanche 1er octobre 2023, culte de rentrée. Temple de St Jean de Maruejols. Pasteur Charles Berger.
Ce matin nous poursuivons notre périple dans les Psaumes. Le livre de l’Ancien Testament le plus cité par le Christ est le livre des Psaumes – près d’une vingtaine de fois (cf. « Comment donc David, animé par l’Esprit, … » (Matthieu 22.43), . Les Psaumes recueil de chants et de prières inspirées par l’Esprit Saint. On y apprend beaucoup de vérités sur nous et sur Dieu. Je vous propose que ce matin nous nous laissions fortifier par un psaume, un chant, écrit par le roi David. Il s’agit du psaume 133. Un psaume dit des « montées » : psaume qui fut chanté par les Hébreux lors des pèlerinages pour participer aux fêtes au temple de Jérusalem.
Lecture du texte
1Chant des montées, de David.
Oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble! 2C’est comme l’huile précieuse versée sur la tête qui descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, et sur le col de ses vêtements. 3C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend sur les hauteurs de Sion.
Voici, c’est là que l’Eternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité.
Prédication
La plupart des psaumes de louange célèbrent la grandeur et la puissance de Dieu. Mais la particularité de ce psaume, c’est que ce que la première chose qu’il célèbre, c’est le bonheur immense qu’il y a de vivre ensemble dans l’harmonie, l’accord et l’unité.
Le psaume emploie sciemment le mot frère, ce qui peut tout à la fois désigner une fraternité physique comme celle d’une fraternité spirituelle. Ce qui était doublement le cas des Hébreux, car là plupart partageaient la fraternité nationale d’être descendants d’Abraham et de Jacob, et ils étaient appelés à se considérer comme frères et sœurs, tous croyants dans le vrai Dieu.
Mais nous aussi nous sommes dans la même situation qu’eux.
Fraternité humaine, car la Bible affirme que tous les êtres humains, quelque soient leurs noms, leurs peuples et leurs couleurs, ont en Adam et Êve des ancêtres communs, ce qui fait de chacun d’entre nous un cousin plus ou moins éloigné ;
et fraternité spirituelle surtout, car si nous croyons dans le Dieu unique révélé en Jésus-Christ, alors nous intégrons la famille de Dieu le Père, et nous sommes appelés à nous aimer comme des frères et sœurs, unis dans la foi au Christ.
Mais pour autant, quand le roi David écrit ; « qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble : il ne le dit pas naïvement : David a lui-même souffert de la jalousie et du mépris de ses grands frères. Plus généralement, la Bible donne de multiples contre-exemples de fraternités abimées, de couples sans amour, et même d’Eglises toxiques ou dysfonctionnelles. Vivre en paix avec ceux qui nous entourent, y compris au sein de nos foyers, peut être l’un des plus grands défis de nos existences.
Mais dans ce psaume, l’Esprit de Dieu, s’accorde avec l’âme des humains qu’il a créé pour dire : Vivre en accord, vivre en harmonie et en unité, c’est bon, c’est un bien très précieux, c’est quelque chose à la fois qui nous fait du bien, mais aussi que Dieu aime. Vivre en paix, dans l’amour et l’unité, c’est agréable non seulement pour nous, mais aussi pour Dieu qui nous regarde.
En hébreu, la formule au début du psaume (voici combien c’est bon) : « Hiné ma tov » fait écho aux paroles du tout début de la Bible, dans le premier livre celui de la Genèse : Dieu a tout créé, à chaque fois il est écrit : « Dieu vit, voici ceci était bon » la première fois que Dieu avait affirmé que quelque chose n’était pas bon, c’était la solitude du premier être humain. Dieu avait dit :
« Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul » (Genèse 2.18)
Dès l’origine, Dieu ne nous a pas créé pour qu’on reste tout seul. Nous avons été créé, pour être l’image de Dieu dans le monde matériel. Nous sommes des êtres créés par Dieu pour le représenter dans le monde physique. Et Dieu est un être d’amour et de relation. La vocation de l’être humain fait que nous sommes des créatures relationnelles. Nous ne sommes vraiment heureux que quand nous aimons et nous savons aimés.
Et les conséquences de la désobéissance de l’humanité et de la venue du mal, n’ont rien changé à cela. Notre amour pour Dieu et pour nos prochains c’est certes refroidit, mais nous avons encore plus besoin les uns des autres : Notre survie en dépend.
Contrairement à la condition animale du poulain, qui à peine sorti de sa mère, quelques heures après se met déjà à galoper, au petit être humain, il faudra des années entières de pure dépendance à son entourage qui lui apportera des soins, de l’apprentissage, de l’éducation. Et même adulte, nous restons dépendants. Nous ne sommes pas des panthères des neiges, nous avons continuellement besoin de soutien, mais aussi du travail des uns, du savoir des autres pour faire face aux épreuves et aux cataclysmes de la vie.
Mais revenons à notre psaume.
David, inspiré de l’Esprit de Dieu, y développe deux mystérieuses images pour exprimer poétiquement toute la beauté de vivre l’unité et la communion fraternelle.
« C’est comme l’huile précieuse versée sur la tête qui descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, et sur le col de ses vêtements. » (Psaume 133.v2)
L’image, est ici celle de la prêtrise d’Aaron, le frère de Moïse, quand il a été institué grand prêtre par Dieu. C’est-à-dire représentant du peuple devant Dieu.
Dieu, dans sa loi, avait ordonné que pour consacrer les rois et les prêtres, on leur verserait sur la tête, une huile odorante et extrêmement coûteuse, composée des parfums les plus chers de l’époque, la myrrhe, l’encens, la cannelle. L’huile sur la tête symbolisait que l’Esprit de Dieu les accompagnerait pour effectuer la volonté de Dieu,
Et à cette occasion de fête, devant tout le peuple, le prophète Moïse déversa l’huile sur la tête d’Aaron.
Et le psaume nous dit : pour des frères et des sœurs spirituels, passer du temps ensemble, c’est comme quand l’huile précieuse représentant l’Esprit Saint, fut abondamment déversé sur la tête d’Aaron, sa joie était à l’image de l’huile : il y avait une telle abondance qu’elle ruisselait sur ses vêtements.
Puis David donne une seconde image, qui exprime la même idée :
« 3C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend sur les hauteurs de Sion. »
L’Hermon est une montagne élevée du mont Liban, située à près de cent kilomètres de Jérusalem, un lieu où il pleut tellement abondamment, que sa rosée du matin est transportée par le vent à des kilomètres autour. Et David dit : la cohabitation ou la fraternité harmonieuse, c’est comme une rosée fraiche rafraichissante tellement abondante, qu’elle déborde de son lieu d’habitation pour faire du bien à notre âme.
Et l’une des choses qui est la plus précieuse, la douce, la plus belle dans la vie humaine, c’est de vivre en harmonie, en paix, en pleine unité d’âme de vivre avec ceux qui nous entourent. Cela est valable en tout temps et en tout lieu, en toute situation. C’est valable à la maison, au travail, dans la famille comme à l’Eglise.
Et vivre cet accord, cette vie en harmonie, c’est l’une des grandes vocations de l’Eglise : ce n’est pas un bâtiment, c’est la famille que nous Dieu donne les uns aux autres.
…28Pierre se mit à lui dire; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi. 29Jésus répondit: Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, 30ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.… (Marc 10)
Comme l’huile, comme la rosée, l’amour fraternel sincère entre chrétiens, est un débordement de l’amour de Dieu pour nous. Dieu m’aime, Dieu aime les gens que je regarde, j’aime les gens que Dieu met sur ma route ; C’est le débordement de l’huile. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint.
Et Dieu appelle ceux qui croient en Lui à vivre par l’Esprit Saint, une fraternité, une unité d’esprit qu’aucun meeting politique ou club de supporters ne saurait égaler.
Les actes des apôtres décrivent cela: « La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme » (Actes 4 v 32).
Et lorsque l’épreuve ou la persécution les frappait, quel réconfort, quelle consolation, à vivre lorsqu’on sait que l’on est pas seul : Paul et Silas, injustement arrêtés pour avoir prêché l’évangile, ont été battus à coups de bâtons, enchainés dans le plus profond cachot,
« Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient. (Actes 16.25)
Et le roi Salomon témoigne de la force qu’on retire d’être uni : « Et si quelqu’un est plus fort qu’un seul, les deux peuvent lui résister; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement. » ( Ecclésiaste 4:12)
Dieu agit là où son nom est invoqué et où il y a de l’amour fraternel sincère. C’est dans une communauté harmonieuse, vivant en paix, que Dieu réalise les choses les plus grandes, y compris des conversions qu’il agit pour donner la vie éternelle ;C’est littéralement ce que l’Esprit de Dieu dans ce psaume :
Oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble! […]
Voici, c’est là que l’Eternel envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité.
Cela rejoint tout à fait les paroles du Christ. Ne nous a-t-il pas dit :
« je prie afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jean 17.23).
« A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)
L’amour fraternel de l’Esprit Saint est un amour sacrificiel, gratuit et désintéressé.
Le monde n’arrive pas à croire en l’amour de Dieu, parce que c’est un amour débordant et totalement gratuit. Cet amour le monde ne le connaît pas, car naturellement il est pratiquement absent du cœur humain.
Et quand « l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (cf. Romains 5.6), alors c’est un débordement. Comme la tête d’Aaron, puis sa barbe et ses vêtement, plus nous l’amour que Dieu nous a démontré à la croix en se livrant pour le pardon de nos péchés et pour le don de la vie éternelle, et plus cet amour déborde de nos cœurs, pour ruisseler sur nos couples, sur nos familles, sur notre communauté, et même sur nos voisinages, nos collègues, et ceux qui pourront croiser notre route.
Pour conclure :
Ce matin, le Seigneur nous appelle à reconnaître la valeur du fait de vivre en plein accord, en paix et en harmonie avec ceux qui nous entourent. C’est un don précieux.
Ce matin, le Seigneur nous appelle à rechercher ce bonheur de vivre ensemble dans la paix. Que ce soit au sein de notre famille, dans notre couple, dans l’Eglise, aspirons à vivre en plein accord, à être un ambassadeur de paix, d’harmonie et de réconciliation. « S’il est possible, autant que cela dépende de vous, soyez en paix avec tous les hommes » ( Romains 12:18).
Enfin, le Seigneur appelle aussi son Eglise à continuer à avancer : à rechercher en Lui et en la vérité, une pleine unité de cœur et d’esprit. A former une famille spirituelle soudée et aimante.
Si vous venez assister au culte, juste pour adorer Dieu ou pour écouter sa parole, je vous félicite, c’est vraiment très bien. Mais si vous voulez vraiment avancer avec le Seigneur, briser la solitude, et surtout multiplier votre bonheur : osez plus de vie fraternelle.
Ne soyez pas timide, dans la mesure de vos possibilités, restez discuter après le culte, venez au repas en commun, fréquentez l’un des groupes de maison, mettez vous au service. Il y a un bonheur, une joie à servir Dieu ensemble ou à faire le bien auprès de nos frères et sœurs qui en ont besoin. On a tous quelque chose à s’apporter les uns les autres. Dieu veut nous voir ensemble.
Amen.

